1944 / 1945 / 1946 / 1947

Repères de lecture :

en rouge : les avancées sociales et démocratiques en France.

en bleu : les autres événements en France.

en vert : les événements internationaux.

1944

Introduction


En février 1944 est décidé l’unification des forces armées de la Résistance. Se constitue un état-major des Forces françaises de l’intérieur (FFI), comprenant les Francs-tireurs et partisans (FTP), l’Armée secrète et les autres groupes armés. Les FTP sont la branche armée du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN), créé à l’instigation du Parti communiste français dès le mois de mai 1941.

 

 

Se forme également un Comité d’action militaire (COMAC), sorte de ministère (à trois têtes) de la guerre. Celui-ci comprend trois membres : un représentant des mouvements de zone nord, un représentant des mouvements de zone Sud et un représentant du FN des deux zones et des FTP. En plus, siègent de « droit » des membres de l’état-major FFI et de la Délégation militaire nationale, représentant Alger.

 


un groupe F.T.P. en 1943
un groupe F.T.P. en 1943

D’autre part, toujours en février 1944, la Conférence de Brazzaville, organisée par le Comité français de libération national (CFLN), définit le rôle et l’avenir de l’Empire colonial français. Est stipulé, en particulier, la nécessité pour la France de changer sa conception de l’Empire français, reconnaissant que les autochtones devraient participer à la gestion des affaires intérieures de leur pays. Cependant la même conférence écarte toute idée d’autonomie, à plus forte raison d’indépendance des colonies. Felix Éboué1 arrache un accord formel — mais officiel — de suppression de l'Indigénat. En plusieurs étapes, celui-ci sera juridiquement aboli, d’abord en Algérie par l'ordonnance du 7 mars 1944 qui supprime le statut pénal des « Français musulmans d’Algérie » (tout en maintenant deux citoyennetés différentes), puis au cours de l’année 1946 ; certaines pratiques perdureront jusqu'aux indépendances.

 

Félix Éboué et Charles de Gaulle
Félix Éboué et Charles de Gaulle

1 Félix Eboué est un descendant d’esclaves, né en Guyane française, en 1884. Excellent élève, ces études le mènent jusqu’à Paris, à la faculté de droit et à l’École coloniale. Dans l’administration coloniale, il passera par Madagascar en 1910, puis en République centrafricaine, en Martinique. Il devient gouverneur de la Guadeloupe en 1936. La nomination d’un Afro-descendant à un tel poste est une première. En 1938, il est nommé gouverneur du Tchad. Dès le 18 juin 1940 il soutient l’appel de Charles de Gaulle et le reçoit à Fort Lamy le 15 octobre. Ensemble, ils réussissent tant bien que mal à rallier, les unes après les autres, les nombreuses administrations coloniales à la France Libre, contre leur ralliement à Vichy. Le 12 novembre 1940, le général de Gaulle le nomme gouverneur général de l'Afrique équatoriale française et membre du Conseil de défense de l'empire.  Félix Eboué transforme alors l’AEF en une véritable plaque tournante géostratégique d’où partent les premières forces armées de la « France libre ». Le 29 janvier 1941, il figure parmi les cinq premières personnes à recevoir du général de Gaulle la croix de l’ordre de la Libération. Il organise une armée de 40 000 hommes et accélère la production de guerre. C'est lui qui fait construire des routes pour permettre en janvier 1943 à la colonne Leclerc de remonter rapidement vers le Tibesti puis vers la France. Par son action, Félix Eboué a incontestablement permis à la France d’être assise, le 8 mai 1945, dans le camp des vainqueurs. Rajoutons que ses quatre enfants, 3 fils et une fille, ont rejoint la résistance et combattu le régime hitlérien. Mort en mai 1944 en Egypte, quelques jours avant le débarquement de Normandie, il n’a pas pu assister à cette défaite du régime nazi à laquelle il a contribué.


Arrivée du général de Gaulle à Douala le 8 octobre 1940 ; à sa droite, le général Leclerc, commissaire général du Cameroun.
Arrivée du général de Gaulle à Douala le 8 octobre 1940 ; à sa droite, le général Leclerc, commissaire général du Cameroun.

Le 14 mars 1944, une semaine après la promulgation de l’ordonnance, est créée à Sétif, en Algérie, les Amis du Manifeste de la Liberté (AML), association légale dirigée par Ferhat Abbas. Sous le mot d’ordre « autonomie, égalité, justice » ce grand mouvement de masse rassemble intellectuels, bourgeois Algériens et classes populaires. Lors de son premier congrès, la position modérée de Ferhat Abbas est mise en minorité. Les jeunes activistes du Parti du Peuple Algérien (PPA) de Messali Hadj chauffent la salle et font adopter une motion favorable à des institutions algériennes indépendantes de la France. En quelques semaines, plus de 500 000 bulletins d’adhésion parviennent au siège central des AML, à Alger. En avril, les AML comptent 257 sections réparties à travers l’Algérie. Les militants de la génération issue de la Seconde Guerre mondiale et des événements de mai 1945 n'auront de cesse de clamer leur volonté de rupture. Aucun compromis n'est possible avec la puissance française. Pour eux, il est nécessaire d'utiliser la forme clandestine d’organisation, en allant plus loin que leurs prédécesseurs. Pour certains, le passage à la lutte armée pour résoudre les problèmes deviendra une obligation.

 

Le 15 mars 1944, le programme du Conseil National de la Résistance, texte majeur produit par cet organe, rédigé par Pierre Villon2 et Louis Saillant, est adopté à l’unanimité. Il intègre le « retour à la nation des grands moyens de productions monopolisés », l’idée d’un régime général de sécurité sociale et affirme la nécessité d’une économie dirigée et planifiée. La première partie du programme du CNR est un plan entier d’action immédiate qui condamne formellement l’attentisme des milieux gaullistes, guère préoccupés que de l’après-Libération, cherchant à obtenir le maximum de ministres et de préfets. La libération venue, les forces réactionnaires vont s’efforcer d’empêcher la concrétisation du programme du CNR, y compris par des manœuvres dans les assemblées élues qui trouvent appui auprès du pouvoir.

 


2 Avant de déposer le projet, Pierre Villon, membre du bureau permanent du CNR (avec Bidault, Saillant, Pascal Copeau et Blocq-Mascard), a une entrevue avec Jacques Duclos, Benoît Frachon et André Mercier (représentant du PCF à l’Assemblée consultative d’Alger). Ils entament une longue discussion. D’une part sur les nationalisations à insérer dans le programme du CNR. Les nationalisations constituaient la tarte à la crème des socialistes et, sous ce terme, il était loisible de tout mettre, y compris les « nationalisations du déficit » (comme celle de la SNCF en 1937).

« Nous donnons notre plein accord à la nationalisation des « grand moyens de production », des compagnies d’assurances et des grandes banques. C’est Jacques lui-même qui rédige la formulation qui sera plus tard adoptée. Je possède l’original du « Projet d’une charte de la Résistance » que j’ai déposé au nom de FN à l’assemblée plénière du CNR, le 26 novembre 1943. Le programme du CNR, adopté seulement en mars 1944, reprend dans sa première partie presque intégralement notre projet et, dans la deuxième partie introduit quelques modifications dues notamment au représentant de la CGT, Saillant, et y ajoute des bribes du texte de Emile Laffon (pseudonyme Lachaud), envoyé en mission par le commissaire de l’Intérieur du gouvernement d’Alger, André Philip, pour proposer une charte au CNR, une sorte de manifeste pour l’après-guerre ». Pierre Villon



Devant le refus des Britanniques et des Américains d’associer l’URSS aux négociations, à l’occupation, ainsi qu’aux arrangements politiques indispensables face à l’imminence de l’effondrement Italien, Staline comprend dès 1943 que tout ce qui ne sera pas pris par les armes aux Allemands risque de ne pas être repris aux alliés autour du tapis vert. D’autant qu’il sait que l’Union soviétique sera exsangue au moment de la victoire. Dans un premier temps, il enjoint le parti communiste italien d’adopter une ligne révolutionnaire, hostile à la démocratie libérale. En mars 1944, il se ravise et les invite à soutenir le gouvernement monarchiste et Catholique de Badoglio. Avec les pays que l’Armée rouge libérera, l’URSS se comportera à l’instar de ses alliés et Moscou attend que les occidentaux soutiennent son action comme les communistes Italiens le gouvernement porté par Washington et Londres. En donnant à Eisenhower le droit de choisir avec qui traiter, les Américains donnent pour ainsi dire à l’URSS celui de choisir de son côté les gouvernements qu’il autorisera à s’installer à Varsovie, à Bucarest, à Sofia et à Belgrade. Il est à noter que pendant la guerre, Staline a nié continuellement avoir l'intention d'organiser une révolution ou d'importer le communisme dans ces États.

Le 4 avril, de Gaulle annonce un changement au CFLN. Deux communistes sont nommés et de Gaulle est placé à la tête des forces armées. Le général Giraud est écarté malgré le fait que les américains aient d’abord placé leur confiance dans cet officier vichyste.

L'ordonnance du 21 avril 1944 portant « organisation des pouvoirs publics en France après la Libération » régit le fonctionnement du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), présidé par Charles de Gaulle, succédant le CFLN. Cette ordonnance légalise les Comités départementaux de libération (CDL) qui doivent regrouper toutes les forces politiques et sociales locales, mais elle précise qu’ils devront disparaître après les élections cantonales et la désignation des Conseils généraux. Un amendement accorde aux femmes le droit de vote et d’éligibilité. Il est l’œuvre du communiste Fernand Grenier, alors représentant du parti et des FTP auprès du général de Gaulle à Londres.

À la Libération, la mise en application de l'ordonnance du 21 avril 1944 frappera d'inéligibilité « les membres du Parlement ayant abdiqué leur mandat en votant la délégation de pouvoir constituant à Philippe Pétain le 10 juillet 1940 », soit 569 députés. Pourtant, plusieurs d’entre eux reprendront leur carrière politique l’année suivante lors de la première élection des députés constituants. C’est le cas de Robert Schuman qui deviendra également le premier parlementaire ayant voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain à devenir ministre après la Libération.

Le 22 avril, Staline envoie un télégramme à Roosevelt et Churchill pour annoncer que comme convenu à Téhéran (28 novembre 1943), « l’Armée rouge lancera une offensive au même moment pour donner un maximum de soutien à l’opération anglo-américaine ». Les soviétiques ont été informés de la date approximative du débarquement le 10 avril. Leurs plans pour l’Opération Bagration sont étroitement coordonnés avec les préparatifs anglo-américains pour la mise en place du très attendu second front en France. Dans diverses négociations, les alliés se mettent d’accord sur le fait que l’ouverture du second front occidental (6 juin 1944) s’accompagnera de la création de Comités de libération dans tous les pays libérés et englobant toutes les forces antifascistes de chaque nation. L’Armée rouge détient une réserve aéroterrestre d’une ampleur inégalée parmi tous les belligérants. Staline sait donc qu’il n’a pas d’autre surprise à redouter que politique : un renversement d’alliances ou une reddition du Reich aux seuls occidentaux.

 

 

En mai 1944, M. Nordling, consul de Suède est appelé à Stockholm pour s’entendre parler d’un plan de médiation des pays neutres autour duquel tous les services spéciaux vont se mettre à grenouiller pour en peser les alternatives et les exploitations possibles. M. Nordling part ensuite pour Vichy s’entretenir avec Pétain et Laval, lequel informe Abetz qui rend compte à Ribbentrop. M Nordling se trouve ainsi en France incorporé à une vaste entreprise de « médiation » entre les Allemands et les Alliés anglo-saxons.

 

Paris apprit dès la période suivant la Libération qu'il ne faudrait compter ni sur des réparations ni même sur des livraisons en charbon, puis, très clairement à dater de juin-juillet 1945 que celui-ci devrait être payé en dollars.

 

Ruben Um nyobè
Ruben Um nyobè

À partir de juin 1944, des militants communistes et cégétistes mettent sur pieds dans toutes les colonies d’Afrique (Yaoundé, Libreville, Brazzaville, Abidjan, Bamako, etc.) des « Cercles d’études marxistes » où se réunissent chaque semaine des « indigènes », petits fonctionnaires pour la plupart, pour se former à la revendication sociale. Chez ses « instituteurs blancs », on ne chante pas les louanges de l’ordre colonial, mais on est invité à le contester. On trouve dans ses cercles quelques-uns des futurs leaders politiques et syndicaux africains, dont le plus emblématique est le Camerounais Ruben Um Nyobé. « C’est la première fois, déclare-t-il, que je m’assois à la table d’un Blanc : je considère cela comme un grand événement au Cameroun. Je ne l’oublierai pas ». ces activistes franco-Camerounais s’engouffreront dans la brèche créée par le décret du 7 août 1944 autorisant pour la première fois les « sujets français » à se syndiquer.

 

Gouvernement Charles De Gaulle (1) : du 3 juin 1944 au 2 novembre 1945

 

 

 

À la veille du débarquement, le CFLN – rebaptisé GPRF – n’a toujours pas obtenu sa reconnaissance officielle comme gérant des intérêts de la République, ni un accès au prêt-bail pour la métropole. Les Américains ont imprimé des billets de banque en francs pour leurs troupes de débarquement. La France est dépossédée de sa souveraineté monétaire.

 

Le premier acte du GPRF est de s'opposer à la mise en place d'une administration d’occupation militaire américaine intérimaire, l'AMGOT (Administration militaire alliée des territoires occupés).

 

Sur le rôle de la Résistance intérieure :

 

« La création par le CNR d’une structure politique avec les comités locaux et départementaux et d’une structure militaire avec la hiérarchie FFI a permis à la Résistance de remplir une mission à la fois civile et militaire, en quelque sorte d’administration du pays. Sans elle le gouvernement provisoire n’aurait pas eu tout le poids qui fut le sien. »

Henri Rol-Tanguy

 



Chronologie détaillée

mai

le Comité d’action militaire (COMAC) est rattaché officiellement au CNR et se constitue en organe de commandement suprême des FFI en France.

 

6 mai

ordonnance rétablissant la liberté de la presse — dans le cadre d’une législation de guerre.

 

10 mai

l’organisation des FFI déclare avoir 175 000 membres.

 

13 mai

Pierre Villon – représentant du Parti communiste au Comité directeur du FN – est délégué par le CNR à la présidence du COMAC.

 

19 mai

ordonnance portant création de Secrétaires généraux provisoires.

Chargés de prendre en main les ministères en attendant l'arrivée à Paris des ministres du Gouvernement provisoire. Nommés après consultation du Conseil national de la Résistance, par décret du Comité français de la libération nationale, ces secrétaires sont responsables devant lui.

 

23 mai

grève générale à Marseille.

 

27 mai

 Un "bombardement stratégique" mené par 7 vagues de bombardiers de l'US Air force sur le centre-ville de Marseille, fait dans la population civile 4512 tués ou blessés, et 20 000 sinistrés. Le résultat est un immense traumatisme pour la population civile et un sentiment anti-alliés naissant (attisé, il est vrai, par les autorités locales et les partis collaborationnistes). La Résistance s'en inquiète à juste titre, appelant le Haut-commandement allié à davantage de discernement dans le choix des cibles militaires et la façon de les traiter. D'autant que le bombardement mis fin brutalement à la grève générale, dite "grève du pain". Celle-ci avait été lancée quelques jours plus tôt avec succès, par les syndicats, afin de désorganiser les activités de l'occupant nazi et de ses soutiens.

 

2 juin

à Alger, le CFLN se proclame Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), dirigé par Charles de Gaulle.

 

5 juin

le communiste Rol-Tanguy devient chef des FFI de l’Île-de-France.

 

6 juin

débarquement allié sur les côtes de Normandie.

L’ouverture d’un deuxième front en Europe est attendu depuis longtemps. Les Soviétiques la réclament à cor et à cri. Les Britanniques et les Américains l’ont promise à Staline mais n’ont cessé d’en reporter la date. Afin de laisser l'Union soviétique supprter l'effort le plus lourd pour remporter la victoire sur l'Allemagne, on décide de ne prévoir dans l'ensemble que 89 divisions terrestres au lieu des 215 prévues par le Victory programme, en déplaçant ainsi le centre de gravité de l'armement américain sur la marine et sur l'aviation.

Le front de Normandie se fige sur un front de 150 km, où 15 divisions américaines et 12 divisions britanniques (dont une division canadienne) affrontent 22 divisions allemandes. La confrontation militaire classique de très haute intensité qui s’engage se combine avec un grand développement des actions de la résistance intérieure (représentant l'équivalent d'une quinzaine de divisions) qui multiplient les embuscades, les sabotages et livrent de véritables batailles fixant de nombreuses unités allemandes.

 

"J'ai à vous témoigner la satisfaction de l'armée américaine à l'égard de la Résistance française. C'est en effet à la suite de la réception à Londres du plan de défense côtière de la Manche que nous avons choisi le point de débarquement. Les renseignements qui figuraient sur ce plan étaient d'une telle valeur que nous avons pu réussir l'opération de débarquement."

 

Le général américain Omar Bradley à Jacques Piette, inspecteur régional des FFI

 

14 juin

Le COMAC est informé de « l’interruption des parachutages jusqu’à la lune d’août ».

Contre l’ordre du général Koenig, nommé par de Gaulle commandant en chef des FFI et des forces françaises stationnées en Grande Bretagne, de « freiner au maximum l’activité de guérilla », le COMAC adopte un ordre d’opération, à la fois pour l’action immédiate et le soutien des opérations alliées en Normandie, enfin pour la préparation et la conduite de l’insurrection nationale.

 

14 juin

retour de De Gaulle en France.

Il nomme un commissaire de la République ayant autorité sur la Normandie. Le GPRF obtient de prendre en charge l’émission et la circulation monétaire.

 

 23 juin

Opération Bagration.

Début de la grande offensive soviétique d'été en Europe de l’Est. Quatre Fronts sont engagés, sur 1200 kilomètres, sous la direction du maréchal Joukov au sud et du maréchal Vasilevsky au nord. La planification ambitieuse de l’offensive met en branle 55 armées (comprenant chacune jusqu’à 5 ou 6 divisions), dont 6 blindés, 11 armées aériennes, soit 4,5 millions de combattants, avec plus de 7500 chars, 24 000 pièces d'artillerie et 20 000 avions. L'offensive est déclenchée par un violent barrage d'artillerie et des raids aériens sur les arrières allemands. En 18 jours, dans la seule Biélorussie, vingt-huit divisions allemandes parmi les meilleurs ont été détruites quasiment à 100%.


26 juin

ordonnance relative à la répression des faits de collaboration, instituant les cours départementales de justice pour juger les faits « révélant l'intention de favoriser les entreprises de l'ennemi ».

 

 27 juin

ordonnance sur l'épuration administrative3.


3 Il y eut un abîme entre les ordonnances et les requêtes du CNR en 1944 et les pratiques. Ceux pour qui la restauration des institutions doit se faire dans un ordre non révolutionnaire – et qui on l’appui des forces anglo-saxonnes présentes à la fin de la guerre – en viendront très vite à protéger les cadres traditionnels menacés d’épuration par une révolution de classe. D’où une épuration très incomplète, discriminatoire, frappant davantage les gens sans responsabilités dans l’État, l’économie, la société que les autres.


1er-22 juillet

conférence de Bretton Woods. 44 pays y sont représentés4. Création du FMI et de la Banque mondiale qui commenceront à fonctionner le 27 décembre 1945.


4 Le projet conçu dès l’année 1941 par le Trésor américain et le Département d’État, est profondément revu à la baisse lors des deux années qui suivent. En effet, Wall Street et le parti républicain sont particulièrement hostiles à plusieurs éléments fondamentaux du projet initial.

Parmi les propositions originales qui sont abandonnées avant la tenue de la conférence de Bretton Woods :

1) la création d’une monnaie propre à la Banque 

2)le recours de la Banque à son propre capital pour faire des prêts. Il est finalement décidé que la Banque emprunte auprès des banquiers privés les capitaux qu’elle prêter.

3) la stabilisation du cours des matières premières.

 

Selon les marchandages entre Washington, Moscou et Londres, l’URSS doit obtenir la troisième place en terme de droits de vote alors qu’elle souhaite la deuxième. Finalement, Moscou ne ratifie pas les accords finaux et dénonce en 1947, à l’assemblée générale de l’ONU, les institutions de Bretton Woods comme « filiales de Wall Street ». Pour le représentant soviétique, la Banque mondiale est « subordonnée à des objectifs politiques qui en font un instrument d’une seule grande puissance ».

 

La répartition des votes illustre très bien la volonté de domination des États-Unis et de la Grande Bretagne sur les deux institutions. Au 30 août 1947, les deux pays totalisent quasiment 50% de voix (34,23% pour les États-Unis et 14,17% pour le Royaume-Uni. Onze pays capitalistes les plus industrialisés totalisent plus de 70% des voix. L’ensemble du continent africain ne dispose que de 2,34% des votes : l’Égypte (0,70%) ; l’Union sud africaine (1,34%) dirigée par un pouvoir blanc raciste qui allait instaurer l’apartheid un an plus tard et l’Éthiopie (0,30%).

 

L’Asie du Sud et de l’Est dispose de 11,66%. Seuls trois pays sont membres : la Chine de Tchang Kai-Chek (6,68%), alliée des États-Unis ; les Philippines (0,43%), colonie des États-Unis jusqu’en 1946 ; l’Inde (4,55%) qui accède à l’indépendance par rapport à la couronne britannique en 1947.

 

L’Europe centrale et de l’Est disposent de 3,90% (Pologne et Tchécoslovaquie, chacun 1,60%) et la Yougoslavie de Tito (0,70%).

 

Le Proche et le Moyen-Orient détiennent 2,24% (Turquie, 0,73% ; Liban, 0,32% ; Iran, 0,52% ; Syrie, 0,34% ; Irak, 0,33%).

 

L’ensemble de l’Amérique latine et de la Caraïbe, région considérée comme fermement alliée aux États-Unis, détient 8,38% répartis entre dix-huit pays.


6 juillet

décret du GPRF définissant la mission des commissaires de la République.

Ils remplacent les préfets régionaux de Vichy. Ils supervisent l’action des autres représentants de l’État, préfets, sous-préfets, fonctionnaires de police et doivent remettre dans le rang les diverses forces issues de la Résistance.

 

6-10 juillet

Le Président des États-Unis, Franklin D. Roosevelt, poussé par Churchill, accepte de recevoir le général de Gaulle à Washington pour discuter du statut de son administration et de l’aide apportée à ses forces.

 

11 juillet

le Comité directeur du FN, unanime, adresse à tous les membres du CNR un mémoire sur les « problèmes actuels de la politique de la Résistance française », avec une lettre rappelant les incidents récents : l’opposition à la distribution de stocks d’armes, les conseils attentistes en provenance de l’état-major créé à Londres, et la prétention de celui-ci de diriger de là-bas les FFI par l’intermédiaire des délégués militaires régionaux.

 

13 juillet

un communiqué américain parvient à Alger. Il annonce l’abandon de l’AMGOT et reconnait que « le CFLN est qualifié pour assurer l’administration de la France ».

 

14 juillet

nouvelle étape dans les efforts pour élever la combativité des masses populaires, leur donner confiance en leurs forces, éclairer sur la désagrégation de l’ennemi. Outre les proclamations du PCF et du FN, le CNR lance un appel vibrant à l’action rédigé par Pierre Villon et approuvé par le bureau permanent. Appel diffusé (une seule fois) par la BBC, mais auquel répondit en masse le peuple.

 

« L’heure est venue de nous unir et de contribuer par nos propres efforts à la victoire… 14 juillet, journée de préparation de l’insurrection nationale. Portez les trois couleurs nationales ! Hissez les drapeaux tricolores !... Chômez !... Que l’élan qui jeta le peuple de Paris sur le Bastille au 14 juillet 1789, que l’esprit de Valmy et le souffle de la Marseillaise soulèvent à nouveau la nation !... »


22 juillet

un télégramme de Koenig met en demeure le COMAC d’abdiquer.

À titre de justification, la volonté des Alliées sera évoquée. Dans ce conflit sur les attributions respectives du COMAC et de l’état-major Koenig, la position du COMAC reste sans équivoque. Il fait toujours savoir que tout ordre d’opération venant de l’état-major interallié de Londres par l’intermédiaire de Koenig devra être exécuté en priorité. Mais pour le reste, pour la conduite de la guérilla et pour la préparation de l’insurrection nationale, il veut être « un poste avancé de commandement » agissant par délégation et sous l’autorité de Koenig.

 

27 juillet

l'ordonnance d’Alger abolit la charte du travail de Vichy ; tous les syndicats de 1939 sont rétablis sauf la CGPF (Conseil Général de la Production Français). La Corporation paysanne est également dissoute.

 

 28 juillet

l’URSS reconnaît la Syrie indépendante et souveraine. Washington fera une déclaration similaire le 20 septembre 1944 5.


5 Le 25 mars 1944 la Syrie est invité à la conférence de San Francisco dont le but est de formuler la Charte des Nations Unis. Cette invitation est la reconnaissance définitive de la Syrie comme nation à part entière. Jamil Mardam Bey, le ministre des Affaires étrangères syrien, exige dès lors avec encore plus de force un dialogue d’égal à égal avec la France, alors que la seule justification de la présence française en Syrie est son rôle de puissance mandataire. En outre, l’État syrien est soutenu par la naissante Ligue arabe. Durant le sommet du Caire – réunion préparatoire de la Charte de la Ligue arabe – « un accord est intervenu entre les pays arabes pour donner à la Syrie et au Liban tout l’appui jugé nécessaire dans leurs négociations actuelles avec la France ».


Août

Rennes est libérée le 4, Brest le 6, Nantes le 10, Saint-Malo le 14.

Un vaste soulèvement populaire, coordonné par les FFI, assure la sécurité dans toute la Bretagne, ce qui offre la possibilité aux Américains de faire demi-tour vers l’est.

 

8 août

Plusieurs mois après la création des FFI, Charles Tillon se décide à mettre les FTP à leur disposition.

 

8 août

accord anglo-américain.

Sous la pression financière de Washington, Anglais et Américains signent un accord d’État à État, qui associe les sociétés pétrolières de chacun d’eux pour consolider leur emprise sur la production, la distribution et les prix dans le monde. Cet Oil Agreement met en place un Comité du pétrole qui définit ainsi un certain nombre de règles pour l’avenir : « … Les territoires pétrolifères où il n’y a pas encore de concessions doivent être accessibles à tout le monde selon le principe de la porte ouverte […]
L’extraction du pétrole, le raffinage, le transport et la répartition ne devront pas être gênés par des limitations particulières ; il s’agit notamment des dispositions qui seraient prises par un gouvernement quelconque et qui ne seraient pas en accord avec les propositions de faciliter les opérations

 

9 août

ordonnance rétablissant la légalité républicaine.

 

10 août

ordonnance sur les Milices patriotiques.

Créées par le CNR le 15 mars 1944, elles reçoivent un statut. Elles constituent une sorte de police supplétive mise à la disposition des Comités locaux ou départementaux de Libération. Elles reçoivent la mission particulière de lutter contre les traitres, les saboteurs, les collaborateurs, les trafiquants du marché noir et de « redonner vigueur aux libertés populaires ».

10 août

Le Comité central de grève des cheminots, dont la Fédération CGT est le pivot central, lance la grève insurrectionnelle.

L’union des syndicats de la région parisienne organise des grèves pour l’augmentation des salaires, les revendications sociales, la libération des emprisonnés et la libération du pays. Quant au Comité militaire national FTP, il se prononce pour l’action insurrectionnelle (ordre n°3).

 

10 août

rencontre entre patrons de l’industrie allemande et leurs partenaires américains à Strasbourg afin de préparer la transition (et passer l’éponge pour leurs crimes commis pendant la guerre).

 

12 août

Tito rencontre Churchill à Naples.

 

13 août

la grève générale, en gagnant le métro, les services publics et les usines, place la police parisienne tout entière devant la nécessité de prendre position.

 

15 août

le Comité militaire national des FTP fait afficher un ordre de mobilisation générale pour la lutte de tous les hommes valides.

 

Après avoir appris que les Allemands désarmais les gardiens de la paix, tous les mouvements de la police parisienne répondent à l’appel du commandant de la région parisienne des FFI, Henri Rol-Tanguy, et rejoignent le mouvement de grève. Ce jour-là, seulement 275 fonctionnaires des services sédentaires de la préfecture de police sont à leur poste et la grève est presque totale dans les services actifs et les commissariats.

 

Sentant qu’il ne peut plus dominer Paris, le général Von Choltitz ordonne expressément : « les mesures de répression les plus brutales ».

15 août

Opération Dragoon. Débarquement allié en Provence.

Il mobilise 900 000 hommes dont 260 000 sont sous l'uniforme français, combattants de « l'Armée B » dirigée par le général de Lattre de Tassigny. Parmi ces forces ayant combattu le fascisme en Italie, 125 000 hommes viennent d'Afrique : des tirailleurs sénégalais et algériens, des goumiers, des tabors marocains, marsouins du pacifique et des antilles, des pieds-noirs... Les villes de Marseille, Toulon, Fréjus, etc. sont libérées par ces soldats.

 

16 août

à Paris, les postiers arrêtent le travail.

 

17 août

les travailleurs du Métro manifestent et l’Union des syndicats de la région parisienne lance le mot d’ordre de grève générale.

Le bureau permanent du CNR, en accord avec la Délégation générale, donne enfin satisfaction au Comité directeur du FN, confirmant le COMAC dans son rôle de commandant en chef, par délégation du général Koenig.

À partir de cette date des accrochages sérieux se multiplient dans la région parisienne, entre les F.F.I. et l’armée Allemande.

18 août

le bureau confédéral (illégal) de la CGT et des représentants de la CFTC unies en un Comité interconfédéral d'entente syndicale lancent un « appel aux travailleurs de France » en faveur de la grève insurrectionnelle dans le but de hâter la libération du territoire.

Le même jour, le bureau du Comité Parisien de Libération (CPL), présidé par André Tollet, secrétaire de l’Union des Syndicats CGT clandestins de la Région parisienne, décide le principe de l’insurrection et demande une réunion commune avec le Bureau du Conseil National de la Résistance.

Henri Rol-Tanguy, chef régional FFI, rédige et fait imprimer un ordre de mobilisation générale, immédiatement placardé sur les murs de la capital qui se couvrent des appels syndicaux à la grève générale ainsi que de l’affiche conçue par des élus communistes de Paris : « Nous appelons le peuple de Paris à l’insurrection libératrice ».

À Marseille, le Comité départemental de libération déclenche la grève insurrectionnelle.

Henri Rol-Tanguy et l'état major FFI pendant l'insurrection de Paris, dans les catacombes sous la place Denfert-Rochereau
Henri Rol-Tanguy et l'état major FFI pendant l'insurrection de Paris, dans les catacombes sous la place Denfert-Rochereau

L’insurrection de Paris

 

19 août 

lancement officiel de l’insurrection parisienne par le CNR et le CPL (Comité parisien de libération). La Résistance s’empare de la Préfecture de Police à l’aube. Les Alliés sont loin encore. Les FFI et les milices patriotiques, avec la participation d’une part de la population, développent leur mouvement commun, les combats se généralisent à Paris et dans sa grande banlieue qui se transforme en guêpier de quartiers retranchés pour une guerre sans merci contre l’ennemi.

 

20 août 

lors d’une réunion commune des bureaux du CNR et du CPL André Tollet soutient Pierre Villon contre la « trêve » 6 conclue entre les Allemands et la délégation civile et militaire du général de Gaulle à Paris, par l’intermédiaire de Nordling et avec la complicité de certains membres du bureau du CNR (sans consultation de ce bureau et encore moins du CNR).

Le colonel Rol Tanguy donne mission à son chef d’état-major de joindre les Américains pour leur demander un appui, surtout en matériel.

 

21 août

échec des trêvistes lors de l’assemblée plénière du CNR.

 

22 août

le général Leclerc reçoit l’ordre de partir vers Paris avec la 2ème division blindée. « Les Forces françaises libres à l’intérieur de la ville me forcèrent la main », écrira Eisenhower en reconnaissant que l’insurrection avait bouleversé ses plans en 1944.

C’est la journée des barricades dans Paris. L’objectif est de conjuguer la guérilla offensive avec l’occupation définitive des quartiers conquis.

L’offensive des F.F.I. et des milices patriotiques se poursuivra dans la nuit du 23 au 24.

 

 

23 août

de Gaulle arrive d’Alger au château de Rambouillet. Munis de deux laissez-passer – l’un signé de Parodi pour le GPRF et l’autre de Von Choltitz au nom de l’ennemi – arrive M. de Saint-Palle de la Croix-Rouge… « dont je connais l’influence dans les milieux d’affaires » dira de Gaulle dans ses mémoires ; M. Rolf Nordling, le frère du consul de Suède, dont on connaît l’influence auprès de Von Choltitz ; M. Jean Laurent, directeur de la Banque d’Indochine. Les trois mandataires sont accompagnés d’un agent de l’Intelligence Service, du noble baron Poch Pastor, officier de l’armée allemande, aide de camp de Von Choltitz.7

 

24 août

Les premiers libérateurs qui entrent dans Paris insurgé et qui donnent le coup de grâce à l'occupation allemande sont des étrangers, les 146 antifascistes espagnols de la 9ème compagnie, "La Nueve", fer de lance de la Deuxième division blindée du général Leclerc. La Nueve est une unité d'élite commandée par le capitaine Dronne et le lieutenant Amado Granell, arborrant le drapeau républicain espagnol et dont les half-tracks portent des noms évocant des batailles de la Guerre d'Espagne : Teruel, Ebro, Belchite, Guadalajara...

La section du lieutenant Amado Granell atteint le centre de Paris peu avant 21h30. Les half-tracks pilotés par les Espagnols sont les premiers à entrer sur la Place de l'Hôtel de Ville. Le lieutenant Amado Granell, ex-capitaine de l'Armée républicaine, est le premier officier allié à être reçu ce soir-là par les représentants du Conseil National de la Résistance. Ordre sera donné à la Nueve de sécuriser la Chambre des députés, l'Hôtel Majestic (siège du Haut-commandement militaire allemand) ainsi que la Place de la Concorde, en attendant la capitulation des forces allemandes.

Au total, plus de 4000 Espagnols ont pris part à la Résistance dans la région parisienne, au sein de l'OS de la MOI, puis des FTP-MOI, ou des organisations espagnols, majoritairement le PCE mais aussi de petits groupes autonomes.

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La 9ème Compagnie

 

25 août

Malgré les directives de de Gaulle et les attentions de ses militaires de confiance pour Choltitz, la capitulation hitlérienne dans Paris se fait en présence des représentants de la Résistance et de ses soldats. Rol Tanguy, commandant des F.F.I., est accompagné de Krigel-Valrimont du COMAC.

Georges Marrane – délégué PCF et porté à la vice présidence du CPL – accueille à l’Hôtel de Ville un Général de Gaulle disposé à tolérer l’ancien élu de la Seine mais déterminé à ignorer les mandats décernés par la Résistance parisienne aux syndicalistes ouvriers.

L’ordre est aussitôt donné au préfet de lancer les haut-parleurs dans toutes les rues pour ordonner de détruire les barricades. Pourtant, il reste dans l’agglomération plus de quinze mille Allemands et miliciens, et plusieurs points d’appui tiennent encore.

 

26 août

défilé triomphal de Charles de Gaulle sur les Champs-Élysées. De Gaulle prend le pouvoir à Paris.

Les F.F.I. se battent toujours à la porte de la Chapelle et à la porte de Flandre, pour rejeter les Allemands à qui leurs chefs font espérer un retour avec des forces grossies.

 


6 La trêve conclue avec l’ennemi dans le dos de Paris insurgé ralentit durant deux jours, dangereusement, le rythme de l’insurrection, lui coûta de nombreux morts et aurait pu finir en désastre sanglant. La division opérée à chaud, dans la Résistance, jusqu’au CNR, préfigure les méthodes qui serviront à la dispersion de ses moyens de masse, but essentiel de la bourgeoisie à travers sa mue gaulliste. Les négociateurs français espéraient conclure une trêve qui muselle les FFI et permette au préfets et aux secrétaires généraux du GPRF de mettre la main sur les leviers de commande avec l’aide des nazis. La trêve avec ses maléfices servit de prémices à l’instauration du pouvoir d’État du grand capital dans la grande capitale.

 

7 La délégation de représentants du grand capital, d’espion allemands et de gens du B.C.R.A et de l’I.S, reçue par de Gaulle ne pouvait rien demander à l’armée alliée en venant de Rambouillet et elle n’avait rien de commun avec l’insurrection. Elle représentait les intérêts de la trêve condamnée par la Résistance. L’arrivée de de Gaulle à Rambouillet n’était connue d’ailleurs que de ses délégués personnels et de Von Choltitz. Pas de la Résistance au combat. Charles Tillon suspecte cette délégation d’être venue pour obtenir de de Gaulle une intervention en faveur de Choltitz, puisque l’intervention en faveur de la Résistance a déjà été accordée à Gallois la veille par Eisenhower. En amorçant ainsi des contacts avec la Wehrmacht battue dans Paris, quelque génie prédestiné pensait déjà à donner une espérance aux généraux allemands en train de devenir orphelins d’Hitler.


rue de la Huchette, à l'angle de la Place du Petit-Pont, 5e arrondissement, Photographie de Robert Doisneau prise le 23 Aout 1944 .
rue de la Huchette, à l'angle de la Place du Petit-Pont, 5e arrondissement, Photographie de Robert Doisneau prise le 23 Aout 1944 .
La Nueve est chargée de former l'escorte du Général de Gaulle. Ils défilent en portant les couleurs de la République espagnole
La Nueve est chargée de former l'escorte du Général de Gaulle. Ils défilent en portant les couleurs de la République espagnole
"L'Armée Rouge sur les barricades de Clichy"
"L'Armée Rouge sur les barricades de Clichy"

26 août

la CGT s'installe au grand jour dans ses locaux rue La Fayette : c'est la fin de la clandestinité avec une première réunion de son bureau.

 

28 août

le Général de Gaulle dissout les organes de commandement FFI.

Le lendemain, le défilé de la victoire associe les troupes de la libération et les forces de la Résistance. De Gaulle a demandé à Eisenhower de lui prêter deux Divisions armées pour une démonstration de force visant à intimider les communistes.

À Marseille, l’armée allemande capitule.

 

2 divisions américaines lors du défilé de la victoire - Paris 29 août 1944
2 divisions américaines lors du défilé de la victoire - Paris 29 août 1944

 31 août

le GPRF s'installe à Paris.

Il désigne une Assemblée consultative composée de délégués de l’Assemblée d’Alger, et d’un certain nombre de représentants des diverses organisations de la résistance métropolitaine groupées dans le CNR.

 

 

 

2 septembre

premier conseil des ministres du GPRF à Paris. Début officiel du gouvernement provisoire du général de Gaulle.

 

 3 septembre

Création du Syndicat agricole africain (SAA) par Felix Houphouët-Boigny en accord avec l’administration coloniale.

Regroupant les planteurs africains mécontents de leur sort, le SAA, anticolonialiste et antiraciste, revendique de meilleures conditions de travail, une hausse des salaires et l’abolition du travail forcé.

 

 4 septembre

retour à Paris des 27 députés communistes (dont Ambroise Croizat) qui furent arrêtés en 1939 et déportés au bagne d’Alger.

 

6 septembre

dévaluation de 13% du franc.

 

9 septembre

création du premier corps de pilotes militaires féminins.

Il est créé sur une initiative de Charles Tillon (PCF), ministre de l’Air, qui reprend l’idée de Maryse Bastié.

 

10 septembre

Benoit Frachon lance « la grande bataille de la production ». S'inscrivant dans la continuation de la guerre, elle consiste d'abord à fournir les FFI en matériel et en armes. Il s'agit de « châtier les traitres », « d'épurer les entreprises », pour faire face à la menace des « saboteurs ». L'enjeu politique est aussi celui de l'indépendance, et des nationalisations sont dans ce but nécessaires (transports, marine marchande, etc.). Si le dirigeant de la CGT définit comme décisive la responsabilité de la classe ouvrière dans le domaine de la reconstruction du pays, il n'oublie pas l'exigence de « satisfaire les légitimes revendications de la classe ouvrière », car celle-ci « sera à la base du redressement, comme elle fut à l'origine de la lutte pour la libération en France ». Il demande l'application des lois sociales de 1936, insistant sur l'indispensable augmentation des salaires (bloqués depuis 1939) et la majoration des heures supplémentaires.

Reconstruction du viaduc d'Argenteuil
Reconstruction du viaduc d'Argenteuil

12 septembre

la Roumanie capitule.

 

15 septembre

création des cours spéciales de justices8.


8 Sur les 160 287 dossiers instruits entre 1944 et le 31 décembre1948, on compte 73501 non-lieu ou acquittements (45%), 40249 dégradations nationales (25%), 26289 condamnés à de la prison ou de la réclusion (16%), 13211 condamnés aux travaux forcés (8%), 7037 condamnés à mort (4%) dont 4397 par contumace et 767 exécutions.


15 septembre

Algérie. Le mouvement des Amis du Manifeste de la Liberté créé l’hebdomadaire l’Égalité, tirant à plus de 100 000 exemplaires par numéro.

 

19 septembre

incorporation des FFI dans l'armée régulière. Les unités organisées des FTP-FFI regroupaient 500 000 hommes, soit l'équivalent de 30 divisions.

 

19 septembre

la Finlande capitule.

28 septembre

la Conférence de Dumbarton Oaks se termine.

Une grande batterie d’accords interalliés est conclue concernant la forme que doit prendre la structure destinée à devenir l’Organisation des Nations Unies (ONU). Y participent les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Union soviétique et la République de Chine9. On y élabore la première ébauche de la Charte des nations unies. Le principe de certaines institutions est retenu : assemblée générale, conseil de sécurité, secrétariat, cour de justice internationale de la Haye.


9 Les dispositions de la conférence sont compliquées par le fait que l’Union soviétique n’est pas encore entrée dans le conflit en Extrême-Orient, et Moscou est réticent à l’idée de compromettre sa neutralité en participant à toute discussion formelle impliquant la Chine, qui est alors en guerre contre le Japon, mais sans engagement sur le théâtre européen. La solution est de tenir une conférence en deux phases, celle allant du 21 août au 28 septembre, les délégations américaines, britanniques et soviétiques discutent de la proposition d’une organisation de sécurité d’après-guerre. Quand les soviétiques quittent la conférence le 28 septembre, les Britanniques et les Américains sont rejoints par la Chine pour une discussion à part, mais strictement secondaire.

 

À bien des égards, cette conférence a été un succès. L’accord total et définitif est en revanche mis à mal par deux différends. Les Soviétiques désirent une sélection des membres fondateurs de l’ONU limitée aux États qui ont combattu comme membres de la coalition des « Nations unies » durant la guerre et sont opposés à l’intégration des États neutres dont un grand nombre, aux yeux de Moscou, ont été complices de l’Axe pendant la guerre. Staline demeure imperturbable et insiste pour une application totale et permanente du principe d’unanimité des grandes puissances sur les actions de sécurité collective, qui, selon lui, est vital pour maintenir l’unité nécessaire entre elles dans le but d’éviter une agression future. Staline en fait référence dans son discours de novembre 1944 : « Ce qui est surprenant n’est pas que des différends existent, mais qu’il y en ait si peu, et qu’en règle générale ils soient abordés presque toujours dans un esprit d’unité et de coordination des actions par les trois grandes puissances. Ce ne sont pas les différends qui comptent, mais le fait que ces différends ne dépassent pas les limites du tolérable dans l’intérêt de l’unité entre les trois grandes puissances ».

 

Ce qui pousse Staline dans l’engagement pour la Grande Alliance (Grande-Bretagne, États-unis, Union soviétique) est la peur continuelle de voir une résurgence de la puissance allemande après la guerre. Les victoires militaires de 1944 sont spectaculaires mais vraiment peu d’entre elles sont des victoires faciles. L’Armée rouge est en train de gagner la guerre et avance vers Berlin, mais les pertes civiles et militaires soviétiques augmentent. Avec la fin de la guerre qui approche, la continuation de la Grande Alliance sur le long terme revêt, contrairement à ce qu'on pourrait penser, une importance grandissante, face au besoin de l’URSS d’une période de paix prolongée afin de procéder à la reconstruction.


29 septembre

 

Le GPRF publie un communiqué indiquant « qu'aucune autorité ni aucun organisme n'a qualité pour modifier (…) les fondements du régime des entreprises ».

 

Depuis août 1944, de multiples initiatives sont prises dans les entreprises sous l’impulsion des Comités locaux de libération. Divers comités se constituent dans les entreprises, à la fois pour défendre les installations industrielles contre les sabotages, pour hâter le relèvement économique du pays et pour accroître l'effort de guerre dans les industries travaillant pour la défense nationale (comités patriotiques d'entreprise, comités à la production, comités de gestion…).

 

Ces comités se multiplient jusqu'à la fin de l'année 1944, ce qui amènera le GPRF à promettre, par une référence implicite au programme du C.N.R., de publier une ordonnance sur les comités mixtes à la production dans les grandes entreprises.

 

 

 

 

2 octobre

fondation de la Confédération générale de l’agriculture (CGA) où se rassemblent les syndicats agricoles qui existaient en 1939.

 

 5 octobre

                   ordonnance confirmant celle du CFLN sur le droit de vote des femmes.

 

            7 octobre

                  le CNR, présidé par Louis Saillant (CGT), organise un vaste rassemblement au Vel d’Hiv et fait acclamer par une foule immense les grandes lignes de son programme.

9-19 octobre

Conférence de Moscou.

Réunissant les représentants de l’URSS et du Royaume-Uni, des observateurs Américains, les délégations du gouvernement polonais en exil et du gouvernement polonais provisoire (communiste), les discussions ont porté sur l'entrée en guerre de l'URSS contre le Japon, sur l'avenir de la Pologne et des Balkans, ainsi que sur la Turquie et le contrôle des détroits de la mer Noire. Staline déclare à Churchill : « L’Union soviétique n’a pas l’intention d’organiser une révolution bolchévique en Europe ».

 

11 octobre

ordonnance portant le nombre de députés de l’Assemblée consultative à 248. Ils siègeront à partir du 7 novembre.

 

14 octobre

libération de Belgrade par l'Armée rouge (300 000 combattants formant le 3ème corps d'armée), l'armée Bulgare (100 000 combattants) et les Partisans yougoslaves (30 000 combattants).
L'intervention de l'Armée rouge, effectuée en accord avec les dirigeants des partisans yougoslaves, est la suite logique de l'accord de Téhéran (28 novembre - 1er décembre 1943) où il est décidé d'abandonner le projet du débarquement britannique en Dalmatie dans le cadre d'une offensive par la méditérannée au profit d'un débarquement en Normandie.

 

15 octobre

                   création de la Confédération Générale des Cadres (CGC).

 

            16 octobre

Ordonnance rétablissant la Direction générale de la sûreté nationale.

Elle contribue à achever l'étatisation et la centralisation des forces de l'ordre. Rattachée au ministère de l'intérieur, elle comprend quatre grandes directions actives : police judiciaire, sécurité publique, renseignements généraux et surveillance du territoire, ainsi que des directions administratives : personnel et administration, matériel, étrangers.

 

18 octobre

ordonnance sur l'épuration économique visant les entreprises ayant collaboré avec l'occupant.

Elle créée les Comités professionnels d’épuration, dont les syndicats ouvriers se plaignent dès avril 1945 qu’ils fonctionnent avec une lenteur désespérante. Ils en démissionnent d’ailleurs en juillet 1947.

 

19 octobre

L'armée rouge fait son entrée en Prusse orientale.

 

 21 octobre

création de la Confédération générale des PME.

Soutenue par Robert Lacoste (SFIO), ministre de la Production industrielle, par crainte de l’influence communiste dans les milieux des petits commerçants, elle a pour président Léon Gingembre, en dépit de sa présence prolongée de 1943 à 1944 au cabinet de Jean Bichelonne, ministre de la Production sous Vichy.

23 octobre

Reconnaissance du GPRF.

Peignant de Gaulle à la fois en dictateur de droite et en pantin du Parti communiste français et de l’URSS, Washington doit renoncer à imposer le dollar dans les « territoires libérés » et (avec Londres) reconnaît son Gouvernement provisoire de la République française : deux ans et demi après la reconnaissance soviétique du « gouvernement de la vraie France », un an et demi après celle, immédiate, du CFLN*, deux mois après la libération de Paris et peu avant que de Gaulle ne signât avec Moscou, le 10 décembre, pour contrebalancer l’hégémonie américaine, un « traité d’alliance et d’assistance mutuelle ».

 

28 octobre

                   Les milices patriotiques, essentiellement composées de communistes, sont dissoutes par le gouvernement, impliquant le ramassage des armes. Le CNR et le Parti communiste refusent de s’incliner.

 

  La veille, dans un rapport présenté à l'assemblée d'information de la région parisienne du

PCF, Jacques Duclot avait déclaré :

 

"La milice patriotique a conquis son droit de cité en luttant les armes à la main contre les nazis et aujourd'hui elle doit demeurer la gardienne vigilante de l'ordre républicain en même temps qu'elle doit s'occuper activement de l'éducation militaire des masses populaires."

 

           28 octobre

                   la Bulgarie capitule.


* Le 6 octobre 1943, Lozovski, vice-ministre soviétique des Affaires étrangères chargé de la France, a rédigé une note où il souligne : «La transformation de la France en puissance de second ordre n'est pas avantageuse pour l'Union soviétique. [. .] Étant donné la défaite de l'Allemagne, il nous faut sur le continent de l'Europe un contrepoids à l'Angleterre et aux États-Unis. L'unique pays qui peut jouer ce rôle est la France qui a toujours eu une puissante armée continentale et une flotte assez bonne. [...] Si l'on n'a pas besoin d'une France faible, nous n'avons pas non plus besoin d'une France trop forte, parce qu'une puissante France bourgeoise deviendrait à nouveau un organisateur de toutes les forces antisoviétiques et, dans un bloc avec l'Angleterre ou les États-Unis, elle pourrait porter un sérieux préjudice à l'Union soviétique. C'est pourquoi il nous faut décider a) jusqu'à quel niveau élever la France et b) de quelle façon manœuvrer pour que la France après guerre ne puisse faire bloc ni avec l'Angleterre, ni avec les États-Unis contre nous»


3 novembre

le CNR met en place les Gardes civiques républicaines.

 

Une résolution du Bureau Politique du PCF publiée par l'Humanité confirme ce qui suit :

 

« Le Parti Communiste ne saurait s’associer en aucune manière à des décision tendant à désarmer le peuple en face d’une cinquième colonne hitlérienne que la mollesse de la répression laisse intacte et puissamment armée. »

 

4 novembre

les communistes organisent un meeting au Vélodrome d’Hiver. Benoît Frachon déclare que l’ordre doit être garanti par les masses populaires et Jacques Duclos y dénonce le « complot des trusts contre la République ».

 

5 novembre

Le comité de la Défense nationale entérine la décision de constituer six à huit divisions presque entièrement composées de FFI, dont la 10ème division d'infanterie mise sur pied par Henri Rol-Tanguy mais dont le commandement lui est finalement retiré.

 

                   7 novembre

        l’Assemblée consultative provisoire tient sa première séance à Paris.

9-12 novembre

reconstitution de la SFIO. Elle exclut ceux de ses membres qui ont voté les pleins pouvoirs à Pétain, le 10 juillet 1940.

 

18 novembre

ordonnance instituant une Haute Cour de justice, pour juger les hauts responsables du gouvernement de Vichy.

 

                   19 novembre

        Maurice Thorez s’entretient avec Staline (en présence de Molotov et Beria) avant son retour en France (refusé par de Gaulle).

Pour Staline, le PCF n'est pas assez fort qu'il puisse frapper le gouvernement à sa tête. Il lui enjoint de soutenir le gouvernement du général de Gaulle, de rechercher des alliés politiques et de ne pas laisser les communistes se faire isoler ; prendre des mesures afin que, en cas d'attaque de la réaction, les communistes puissent avoir une défense solide pour que si la situation s'améliore, les forces soudées autour du parti le servent pour l'attaque.

Staline conseille au PCF de s’intégrer officiellement dans l’armée et la police nationale tout en gardant l’essentiel des armes conquises par la Résistance. Il suggère que le programme du Parti communiste français soit celui de la renaissance de l’industrie, garantissant des emplois aux chômeurs, la défense de la démocratie et un châtiment pour ceux qui l’ont bafouée.

 

                   26 novembre

        constitution du Mouvement républicain populaire (MRP).

 

28 novembre

Ordonnance portant « modification et codification des textes relatifs à la répression des faits de collaboration ».

Elle abroge celle du 26 juin. En refaisant passer des affaires devant des jurys plus complaisants – en modifiant leurs compositions ou en déplaçant le procès – cette ordonnance permet le viol de décisions légales prises par les premières cours de justices.

1er décembre

massacre de Thiaroye.

Entre 400 et 1200 soldats tirailleurs sénégalais désarmés, anciens prisonniers de guerre récemment rapatriés et détenus dans des camps sans avoir perçu leur solde, sont froidement exécutés, près de Dakar, par des gendarmes Français.
Les soldats originaires des colonies et survivants de la guerre vont être victimes de la mesquinerie française concernant leur pension. Au lieu d'appliquer le même barème à tous les combattants, la France met en place une politique discriminatoire favorisant ses ressortissants (460 euros) au détrimants des combattants d'Afrique noire (169 euros), des Algériens (120 euros), et Vietnamiens (13 euros) soit respectivement 42%, 13% et 6% de la pension accordée aux français.

 

8 décembre

les Compagnies républicaines de sécurité (CRS) sont créées.

Elles accueillent les membres des milices dissoutes. Le Parti communiste finit par accepter la décision du GPRF. Désormais, la Résistance ne dispose plus d’une troupe armée pouvant appuyer ses revendications.

 

10 décembre

les représentants du GPRF signent à Moscou le premier traité d’alliance et d’assistance mutuelle avec l’URSS.

L'alliance a principalement pour but "d'éliminer toute menace provenant de l'Allemagne et à faire obstacle à toute initiative de nature à rendre possible une nouvelle tentative d'agression de sa part".

Ce traité permet à de Gaulle d'espérer rentrer dans le jeu européen sur le plan extérieur et de modérer les ardeurs communistes sur le plan intérieur. En contre-partie, la France sera le premier pays à reconnaître de fait le gouvernement Polonais.

« Les Français savent ce qu’a fait pour eux la Russie soviétique et ils savent que c’est elle qui a joué le rôle principal dans leur libération. » de Gaulle, 2 décembre 1944

14 décembre

nationalisation des ressources énergétiques avec la création des « Houillères nationales du Nord et du Pas de Calais ».

 

15-16 décembre

l’Assemblée nationale des comités départementaux de la Libération se réunit à l’Hôtel de ville de Paris.

Dans sa résolution finale, elle demande le maintien des CDL jusqu’au retour des prisonniers. Elle refuse également de substituer les CDL au pouvoir préfectoral et réduit leur rôle à celui d’assemblée consultative. Est décidé la convocation des États généraux de la Renaissance française.

18 décembre

Instauration du contrôle de l’État sur la Marine marchande.

 

18 décembre

fondation de la première centrale syndicale du Cameroun :

l’USCC (Union des syndicats confédérés du Cameroun), affiliée à la CGT française. Gaston Donnat – communiste ayant créé le « Cercle d’études marxistes » de Yaoundé en juin 1944 – en devient le premier secrétaire.

 

22 décembre

Vô Nguyên Giap, organisant la guérilla contre les deux occupants japonais et Français, fonde la " Brigade de propagande armée pour la libération du Vietnam ", embryon de l'Armée de libération du Vietnam. Elle étend son contrôle sur les régions isolées du pays en profitant de l'affaiblissement des Français. L'appellation insiste sur le primat du politique sur le militaire. Cela signifie que, en tant que branche armée du Viet-Minh, l'action politique de la brigade importe plus que son effort militaire. Pour cette raison, Ho Chi Minh l'a confié à un civile, un jeune professeur d'Histoire sans expérience militaire aucune. 

26 décembre

ordonnance abrogeant celle du 26 août ayant institué l’ « indignité nationale » pour une liste d’actions de collaborations. Elle modifie la liste des partis et organismes collaborationnistes en la réduisant. La date d’adhésion valant accusation devient le 1er janvier 1941. 

 

30-31 décembre

deux ordonnances marquent le début de la réforme des institutions d’Assurances sociales sur le plan du financement. Les cotisations sont relevées.